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La Suisse pourra-t-elle atteindre la neutralité climatique ?

Entretien avec l'économiste en chef Martin Eichler, auteur de l'étude "Carbon Capture & Storage (CCS) - Estimation des coûts d'un système CCS pour la Suisse jusqu'en 2050".

Pouvez-vous d'abord expliquer ce qu'est le CCS et pourquoi il est également important pour la Suisse ?
Le CSC (captage et stockage du carbone) est une méthode permettant d'atteindre la neutralité climatique même si certaines émissions de CO2 ne peuvent être évitées. Le 6e rapport d'évaluation du GIEC (2022) indique clairement qu'il serait "presque impossible" d'atteindre les objectifs climatiques pour 2050 sans des technologies telles que le CCS. Le Conseil fédéral le reconnaît également : la Suisse a pour ambition de capter et de stocker de manière permanente environ 7 millions de tonnes par an à partir de 2050, ce qui est considéré comme inévitable et provient d'une source ponctuelle telle qu'une usine d'incinération des déchets ou la production de ciment.

Quel est l'objectif de l'étude que vous avez présentée au Swiss Green Economic Symposium ?
La construction d'un système de CSS en Suisse nécessite d'importants investissements. L'estimation des coûts liés à la construction et à l'exploitation d'une infrastructure CSS est une étape clé dans la définition des conditions-cadres. Pour estimer ces coûts, nous avons développé un système CSS hypothétique pour la Suisse, basé sur les références de planification du Conseil Fédéral et la littérature la plus récente. Dans le cadre d'une modélisation ascendante détaillée, nous avons estimé, avec notre partenaire DENA, l'ensemble des coûts du CSS pour la Suisse entre 2028, date des premiers investissements, et 2050, date à laquelle le système capturera et stockera 7 millions de tonnes de CO2 par an.

Combien la Suisse devra-t-elle payer pour s'équiper d'un système de CSS ?
Pour la période de 2028 à 2050, les coûts totaux cumulés du système CSS s'élèvent à 16,3 milliards de francs. Avec 9,2 milliards de francs, la plus grande partie de ces coûts (56%) est imputable au captage du CO2 sur les sites d'émission. La construction et l'exploitation d'un réseau national de pipelines pour le transport représentent 30 % des coûts totaux, tandis que les autres éléments de coût, à savoir les autres transports (par rail, par bateau et à l'étranger) et le stockage, sont de moindre importance. Près d'un tiers des coûts totaux (31 %) sont nécessaires pour les investissements dans les infrastructures. Le reste des coûts est consacré au fonctionnement du système ; le coût de l'énergie nécessaire à la séparation et au transport représente une part importante.

Comment une estimation aussi précise est-elle possible ?
Bien sûr, même si l'estimation fournit un chiffre assez précis, il existe de nombreuses incertitudes. En analysant les risques dans l'estimation des coûts que nous avons utilisé, nous concluons qu'il existe une fourchette d'environ +/- 30% du coût total qui semble réaliste. Bien entendu, aux extrêmes, cela signifie que les coûts pourraient varier entre 11,2 et 21,4 milliards de francs suisses.
Il existe également des risques techniques et politiques qui affectent le coût total. Le scénario analysé montre qu'un retard dans la construction du gazoduc pourrait entraîner une hausse importante des coûts : si l'on prend en compte les coûts d'évitement, le coût moyen par tonne de CO2 dans le CSC jusqu'en 2050, ils pourraient d'une part passer de 180 CHF dans notre cas de base à 196 CHF par tonne de CO2. D'autre part, des solutions techniques particulièrement spécifiques concernant la réutilisation des énergies de processus pourraient les abaisser à 149 CHF.

La Suisse atteindra-t-elle ses objectifs climatiques d'ici 2050 ?
Je n'en sais pas ! Mais je suis convaincu que c'est possible, nous devons d'abord agir vite et ensuite de manière diversifiée : nous devons utiliser toutes sortes de possibilités et de mesures pour atteindre cet objectif. Cela inclut des approches techniques telles que le CSS, mais aussi la réduction de la consommation d'énergie et le remplacement des sources d'énergie par des sources durables.